L'abbaye

Au sommet d'une colline plantée de buis, un monastère de femmes a été édifié au Xe siècle. C'est l'origine du nom de Bouxières-aux-Dames.

En 922, le roi de France Charles le Simple désigne Gauzelin pour être évêque de Toul.
Souhaitant un renouveau de la vie religieuse dans son diocèse, celui-ci cherche à fonder une abbaye de femmes. Il choisit la colline de Bouxières où se trouvait déjà un ermitage ancien.

Il y établit quelques moniales sous la Règle de Saint Benoît, dans un monastère dédié à la Vierge Marie. L'acte de fondation est daté du 13 janvier 938. Plus tard, on parlera de « l'insigne église collégiale Notre-Dame de Bouxières ».

Le périmètre de l’abbaye s'étend petit à petit vers le sommet de la colline. Les religieuses se font construire des maisons individuelles et des bâtiments agricoles autour de l’actuelle « Grande Cour ». Modestes à l'origine, ses possessions temporelles s'accroissent de façon importante, grâce à Gauzelin et ses successeurs. L'abbaye recrute uniquement dans les grandes familles d'ancienne noblesse de Lorraine, puis de France et du Saint Empire.

La pratique moins rigoureuse de la règle monastique conduit, aux XIIe et XIIIe siècles, à une sécularisation progressive. L'abbaye se transforme alors en chapitre noble, et les moniales deviennent chanoinesses. Elles sont au nombre de quatorze et se partagent les revenus de l'abbaye. On distingue les dames capitulantes et les dames nièces ; seules les premières ont voix au chapitre et élisent l'abbesse. Au XVIIIe siècle, chaque postulante doit faire la preuve de seize quartiers de noblesse.

Durant ses huit siècles et demi d'existence, le chapitre Notre Dame de Bouxières est seigneur du ban de Bouxières et exerce ses droits sur de nombreuses possessions, villages, églises, terres agricoles. Il nomme le maire et le curé, ainsi que les gens de justice : échevin, garde-forestier, garde des cabarets et des fontaines, etc. Il fixe la date des vendanges. Les paysans lui doivent trois jours de corvées par an. Il perçoit impôts et redevances, comme par exemple le droit de passage pour traverser la Meurthe.

En plus d'une vie sociale active, les chanoinesses se consacrent principalement à deux activités :

  • la prière et la célébration des offices, le plus souvent le matin ;
  • l'action charitable.

A ce titre, elles portent secours aux pauvres, aux malades, aux pèlerins et entretiennent l'hôpital et la Charité. En 1734, elles fondent l'école charitable pour les jeunes filles de Bouxières. La Révolution de 1789 entraînera la disparition de l'abbaye, que les chanoinesses désiraient quitter depuis 1786, pour s'installer à Nancy dans les bâtiments du couvent des Minimes de Bonsecours.

Reconstitution en 3D de l'abbaye de Bouxières-aux-Dames à partir des écrits de Henri-Antoine Regnard de Gironcourt (1766), Dominique Saunier (1797) et Henri Lepage (1859) - ©CRVB

Le saviez-vous ?
Pourquoi, au siècle dernier, appelait-on la rue Cendrillon, la rue du Crime ?
Ce n’est pas, comme on l’a souvent dit, parce qu’une chanoinesse y aurait fait assassiner un amant gênant. Non, la raison est tout autre. A la fin du XIXe siècle la rue était habitée par des familles de mineurs. Les relations de voisinage étaient rudes et les disputes fréquentes et violentes, au point qu’un jour quelqu’un se serait exclamé : » Si ça continue, ça va devenir la rue du Crime ! » Et le nom est resté. On aura compris que la rue Cendrillon fait suite à la rue des Carrosses.

Sources :
Henry-Antoine REGNARD DE GIRONCOURT
Henri LEPAGE
Robert-Henri BAUTIER
Klaus OSCHEMA
Connaissance et Renaissance du Vieux Bouxières

 

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